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Le carnet de bord

Adieu Mer Rouge

Vous vous souvenez, nous vous avions quitté à Ras Terma, au sud de l'Erythrée, au début du détroit de Bab El Mandeb. L'endroit semblait agréable… sans ce vent. Nous y sommes restés coincés 8 jours.

Henry de Monfreid : Les secrets de la Mer Rouge
" Nous reprenons la mer après deux jours d'escale par un matin venteux et clair, ce qui est la normale pour Assab, le coin du Monde où il passe le plus de vent. Le Mistral dont les Marseillais sont si fiers paraîtrait bien anodin, comparé à ce vent du Sud est qui s'engouffre dans la Mer Rouge. "

Bab el Mandeb, ces fameuses portes des lamentations, oh comment bien nommées, marquent la sortie de la Mer Rouge,. Le vent et le courant s'y amplifient. La trajectoire de Blodeuwedd sur la carte est très significative, elle nous permet de constater que la marée ici est semi diurne à inégalité diurne, soit une marée forte par jour et une petite. Pour nous, elle monte avec force la nuit et Blodeuwedd essaie seulement en tirant des bords de ne pas reculer, le jour le courant nous aide, le vent est toujours contraire. Huit jours à tirer des bords, adieu Mer Rouge, tu ne nous garderas pas malgré les trésors que tu offres. Passés Bab el Mandeb, à nous l'Océan Indien et sa douce houle longue, petit vent bon plein, quel bonheur.

Poison volant
Des tas de poissons volants viennent aussi nous accueillir, pour la plus grande joie de " miaou-miaou ", notre chaton érythréen que nous avons adopté à Massawa (pour mémoire, dodo, chat breton parti de Brest avait décidé de rester à Toulon).

Escale à Djibouti

Djibouti

Djibouti

35°C à l'ombre dès 7 heures du matin et nous ne sommes qu'au début du printemps. De la République de Djibouti nous n'avons connu que ce grand port où se côtoient deux mondes, les djiboutiens, africains, noirs, femmes aux voilages colorés, hommes du port qui dorment sur des cartons dans la rue en attendant leur travail et les coopérants, français pour la plupart (Djibouti était encore français en 1977), blancs, en voitures '4/4' climatisées.

Boutre

Djibouti, un port où on embarque de tout à destination d'Obock et Tadjoura, ports au Nord du pays.

Chargement de sacs   Chargement de chameaux

La vision est un peu manichéenne mais assez représentative de ce que l'on découvre en foulant le sol au port.
Pour résumer, du bruit, de la chaleur, de la mendicité mais aussi des rencontres très amicales avec des français de là bas et des sourires échangés avec des djiboutiens quand on se met à danser avec eux.
Si pour l'association Redécouverte nous avons eu beaucoup de travail et de contacts, pour Félix ce fut aussi l'aventure car il est allé 15 jours à l'école française.

Ecole Dolto

Iles Maskali et Mousha, le bonheur

Bonheur pour notre première escale au sortir de la Mer Rouge. Calme retrouvé après l'atmosphère étouffante de Djibouti, repos avant de partir pour la grande traversée pour les Seychelles.

Mousha

Deux îles coralliennes, bordées de plages de sable et de quelques palétuviers.

Mousha   Mousha

Sous l'eau les coraux sont beaucoup moins jolis qu 'en Mer Rouge mais qu'importe, nous y sommes bien, Blodeuwedd a " beaché " et les enfants jouent sous la coque dans le sable. Félix découvre l'usage du masque et nage maintenant tout seul avec ses brassards.

Mousha   Mousha

Djibouti - Seychelles : 2300 milles

Le bateau enfoncé de 20 cm dans l'eau pour cause de chargement (200 litres d'eau minérale, 200 litres d'eau, 180 yaourts longue conservation, 25 kilos de farine,… et 600 litres d'essence), nous mettons les voiles dans ce fameux Golfe d'Aden où nous attendent la mousson d'hiver, légère mais dans le nez, et les pirates. Si nous n'avons pas vraiment eu la mousson, dont les guides de navigation nous avaient pourtant prédit l'occurrence à 80%, nous avons bien rencontré les seconds (dont le risque est bien plus faible que celui d'avoir un accident de voiture en France). Ah, les statistiques !
Cela n'empêche pas de fêter les 5 ans de Félix, gâteau au chocolat et circuit de voitures électriques et des livres bien sûr.

5 ans de Félix   Film

Pour en revenir à la navigation, au bout de quelques jours au prés avec un ciel assez nuageux, nous avons essuyé des grains pendant 3, 4 jours, le vent soufflant parfois très fort et des éclairs. Le ciré était de mise, dans une région où il ne pleut jamais… Il paraît qu'au Yémen, ils n'avaient pas vu cela depuis cinquante ans, et les inondations qu'ils ont subies ont fait plusieurs dizaines de morts. Après la tempête, dimanche 14 avril, le beau temps et c'est avec le soleil et un vent faible que nous nous remettons de ce mauvais temps. Nous ne sommes hélas pas les seuls, un boutre de 7 m avec sept hommes à bord nous fonce dessus sans gêne aucune, malgré la présence d'un cargo à quelques encablures. Sauve qui peut à bord, nous cachons pèle mêle nos précieuses affaires, envoyons les enfants dans leur cabine et calmons les pirates, car c'est bien d'eux qu'il s'agit. Pirates comme dans Monfreid, trafiquants entre la Somalie et le Yémen (nous étions exactement au milieu du Golfe d'Aden, suivant en cela les consignes de l'armée française à Djibouti), voleurs, bandits. Sûrement tous cela à la fois. Pas la peine de se lancer dans un discours humaniste et persuasif ni bien sûr jouer à Rambo, sous leur menace nous ne montrons aucune opposition et rapidement Blodeuwedd s'allège, des dollars mais ils ont trouvés que nous n'étions pas assez riches alors nos moteurs, de l'électronique, des outils, et même pour figurer sur le dernier journal de mode de la Somalie (ou du Yémen), des chaussure, blousons, lunettes de vue…Félix nous a raconté qu'un avait bien essayé de prendre un de ses livres mais finalement il n'a pas osé, de même l'ordinateur ne les a pas inspiré…(il semble bien qu'un des enjeux de notre siècle soit de lutter contre l'analphabétisme).

Mais la vie continue à bord.

cheveux   Eole   Félix

Léger de notre matériel en moins, Blodeuwedd se trouve transporter 600 litres d'énergie fossile grâce à ses énergies renouvelables (les voiles). Comme le vent est faible nous nous dirigeons vers Mukallah au Yémen pour nous reposer et racheter du matériel.

Mukallah

Le service diplomatique français au Yémen nous assiste avec beaucoup d'humour, merci à Omar et Marcel, et les Yéménites nous font oublier cette vilaine aventure par leur générosité.

   Mousha

Reste 1500 milles à parcourir, Gilles et Elena le font en duo pendant quinze jours, franchissant l'équateur sous les épais nuages qui marquent le 'pot au noir'.

Comme nous l'avions fait sur Bambi en traversant l'Atlantique en 1995, ils ont jeté une bouteille à la mer avec un message, arrivera-t-il ?

Annie et les enfants décident de passer plutôt ces jours là en vacances aux Seychelles grâce à l' accueil Olivier.

Félix et Eole   Eole
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