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Le carnet de bord

Carnet de bord : Madagascar, on n’y croyait plus

Après les émeutes post-électorales qui ont tourné à la guerre civile, les pro-Ratsiraka contre les pro-Ravalomanana, il ne faisait pas bon s’aventurer dans les eaux malgaches. Nous avions presque oublié que nous voulions y aller. Après 7 mois de misère, il a suffit que les USA, suivis rapidement de la France (question de ne pas perdre trop de marchés avec Madagascar) reconnaissent la légitimité du président élu, Ravalomanana et la paix a été rétablie, les vivres circulent à nouveau et les malgaches sont à nouveau accueillants.

Nous voilà donc partis au mois d’août pour retrouver les Meunier, amis de Brest installés à Madagascar, à Nosy Be (en malgache île grande).

Pour l’occasion, Blodeuwedd s’est transformé en jardin d’enfants, la famille Pasquet de Mayotte profitant du trajet pour aller passer des vacances à Nosy Be.

Film : jardin d'enfants

Comment raconter Madagascar si ce n’est l’impression de douceur. Nosy Be et ses alentours, c’est un paradis pour naviguer, une brise thermique qui s’inverse entre le matin et le soir et permet, en choisissant sa destination de naviguer au portant, comme le font d’ailleurs les pirogues ici (car pas une n’a de moteur ici).

pirogue

Tel des aoûtiens dignes de ce nom, nous avons pris 15 jours de vacances à flâner autour de Nosy Be et à caboter jusqu’à Majenga avec Jean, Brigitte, Martin et Jean-Loup Meunier.

Bien que le premier contact avec Madagascar, Hellville, capitale de la région, nous a donné une image bruyante et sale, il a suffit de passer 5 milles nautiques et c’est la forêt habitée ça et la par de petits villages.

nosykombe

Nosy Komba , toute ronde et haute avec sa population de Maki macaco, lémuriens endémiques à cette île. Les femelles sont marrons et les mâles noirs. S’ils sont habitués des visiteurs et viennent manger les bananes dans leur main, Eole lui n’a pas apprécié leur familiarité !

Film : lémurien marron    Film : lémurien noir

Sur cette île, les villageois ont pris conscience de l’intérêt d’un tourisme à petite échelle et proposent de l’artisanat qu’ils fabriquent eux mêmes, colliers, nappes, masques…

Annie et son collier   nappes   blodeuwedd-nosykombe

Nous échouons Blodeuwedd devant l’hôtel de Laurent qui semble faire partie du village avec ses cases en bois recouvertes de feuilles de palmiers et sans électricité.

Film : Eole à Nosy Kombe avec sa copine Sarah

Nosy Mamoko, petite île entourée de mangrove, au fond de la baie paraît bien loin des progrès de la civilisation : un village de pêcheurs d’une dizaine de cases avec ses pirogues. Certainement peu de visiteurs. Le soir de notre arrivée ils fêtaient leur nouvelle reine au son des tam-tam et avec du rhum. Au milieu du village on trouve une petite population de tortues terrestres d’assez grande taille (1m). Gilles, Jean et Jean-Loup ont décidé d’aller au marché le plus proche, histoire de varier les repas pâtes et riz. Comme les villageois en pirogue il a fallu quelques heures pour remonter la mangrove en face, sur la grande terre : Sis tomates mais misy cocos, vieux refrain dans la brousse malgache (pas de tomate mais il y a des cocos)

Film : arrivée au marché au fond de la mangrove

Nosy Tanikély, (île petite), inhabitée mais un vrai paradis pour ses fonds sous-marins. De l’eau claire et une véritable forêt de coraux bien vivants, de toutes les formes (arborescents, foliacés, en massue…) et de toutes les couleurs. Tanikély mérite bien d’être un parc marin comme cela est indiqué sur les cartes (mais quelles sont les initiatives en vrai ?).

- Nosy Iranja, alors là c’est complètement féerique, deux îles en plein océan, reliées à marée basse par un cordon de sable. Lorsque l’on arrive, le soir à marée descendante, on a l’impression de voir des gens marcher sur l’eau d’une île à l’autre. Sur la grande île, un village de pécheurs, cases, pirogues, une école en haut de la colline à côté du phare construit il y a plus de 100 ans en acier et qui ne fonctionne plus. Sur la petite île, un hôtel s’est installé avec le luxe - confort qui sied à la clientèle étrangère, piscine, électricité et même possibilité de faire du ski nautique… Mais depuis la dernière crise malgache l’hôtel est fermé. Vu ses projets d’extension avec 120 bungalows sur la grande île, une piste d’atterrissage qui ne laisse plus de place aux villageois qui devront partir sur la grande terre, sans dédommagement ,c’est sûrement mieux ainsi.

Baie de Morambe. Blodeuwedd est un catamaran, profitons en. Nous nous rapprochons de la plage au milieu d’une multitude d’îlots couverts de baobabs. On ne pourrait rêver de meilleur abri. Et comme si c’était fait exprès, à marée basse, un cordon de sable, relie le bateau à la plage alors que de part et d’autre ce n’est que vase (ah, les fameuses lois de la sédimentologie).

     

Ensuite nous naviguons 24 heures pour passer la grande baie de la Mahajamba qui est réputée pour sa mauvaise mer due aux courants de marée qui s’affrontent à la brise côtière. Une chance nous passons à la montante, vent portant sans aucun souci.

Le lendemain, arrivée à Majenga, « grand port » de l’ouest de Madagascar. En fait de grand port, il s’est beaucoup envasé par les apports de terre de la rivière dus à l’érosion des sols nus. Vu la mauvaise réputation du port avec ses voleurs, nous préférons remonter la petite rivière à côté, jusqu’au village des pêcheurs, Antsiharabingo, où nous mouillons Blodeuwedd à l’échouage. C’est un peu comme si nous étions sur les berges de la Penfeld (non militaire) au lieu d’être au port de commerce de Brest.

     

En fin de journée, les pirogues reviennent avec le flot et leurs chargements de poissons, charbons, raphia… Voilà bientôt 15 jours que nous sommes là, faisant connaissance de sarah et yvon, copains de félix et éole qui vivent ici dans leur case en bois

En attendant d’avoir nous aussi une pirogue, on improvise avec les moyens du bord pour jouer sur la rivière.

Film : pirogue malgache et gréement d’optimist

Film : Felix et Eole

Mais nos visas arrivent bientôt à expiration, 1 mois c’est court pour Madagascar. Il nous faut préparer le retour sur Mayotte et ... la France.