La Mer Rouge, quand elle vous tient !!!!
Voilà une semaine que nous sommes partis de Massawa (port de l'Erythrée) et à peine 250 milles de parcourus. Le vent et le courant se liguent contre nous. Aussi aujourd'hui le 9 mars nous rallions un abri derrière Ras Terma (ras = cap en arabe) à la nuit, à l'aide du radar et du GPS.
Le lendemain, c'est la surprise. Une grande baie bordée d'un côté de collines volcaniques et de dunes de sable et de l'autre côté une petite forêt. Partout ailleurs, le désert de pierres et de sable.
Cirés et gilets de sauvetage enfilés, nous partons pour une bonne douche d'eau de mer pour rallier la plage avec l'annexe.
Des hommes arpentent la plage et viennent nous voir dès que nous descendons à terre. Ce sont des pêcheurs yéménites qui ont installé leur campement ici et mettent des filets depuis la côte. Ils nous donnent une langouste et une demi douzaine de poissons en échange de tricots et de cigarettes. Ils parlent un peu anglais, un peu français, arabe et tigrenien (la langue de l'Erythrée), aussi on se débrouille pour se comprendre.
La flaque aux chitons (Se prononce " quiton ")
Patouillant au bord de l'eau dans les flaques laissées à marée basse, Félix demande : " Maman, c'est quoi ces gros coquillages ? ".
Collés comme nos berniques bretonnes aux cailloux, une douzaine de chitons attendent que la marée remonte.
Ils sont drôlement gros ces chitons de la Mer Rouge, entre 5 et 8 cm, beaucoup plus que leurs cousins chitons de Bretagne. Car il y en a des chitons en Bretagne mais ils ne dépassent pas 1 à 2 cm.
Le chiton est un mollusque mais ce n'est ni un gastéropode comme le bigorneau, ni un bivalve comme la palourde, c'est un polyplacophore. C'est facile à comprendre : poly : plusieurs ; placophore : porteur de plaques.
Le chiton a une coquille composée de 8 plaques calcaires articulées entre elles.
Comme tous les mollusques c'est un animal. Il vit dans l'eau et respire par des branchies mais peut rester plusieurs heures à l'air quand la marée descend.
Quand la mer remonte il quitte alors son support où il était bien collé et recherche de la nourriture (des algues qu'il broute à la surface des rochers avec sa langue râpeuse). Il revient en général au même endroit ensuite.
La plage de sable
Du sable noir issu de roches volcaniques et partout de ci, de là, des trous : les terriers des crabes chevaliers.
Essayez de traquer un crabe, d'abord il vous entend venir à cause des vibrations que vos pas font sur le sol, ensuite il court ni devant ni sur le côté mais de travers (en crabe dit on) et se cache dès qu'il trouve un terrier ou bien s'enfonce dans le sable dès qu'il atteint la mer.
Au bord de l'eau de petits animaux mous et transparents de 1 à 3 cm sont pris et repris par les vagues. Ils appartiennent à l'embranchement des cténaires et sont des cousins des groseilles de mer que vous avez peut être déjà vus dans la mer (ils ressemblent aux groseilles à maquereaux d'où leur nom).
On peut les toucher, ils ne sont pas urticants. Les cténaires sont des animaux qui vivent dans l'eau, ils peuvent se déplacer un peu à l'aide de cils qu'ils agitent mais font partie du plancton (c'est à dire qu'ils flottent et se déplacent passivement avec les courants). Ils sont carnivores et mangent d'autres petits animaux planctoniques qu'ils capturent à l'aide de leur tentacules collants (tentacules cachés ici dans le corps).
Et puis dans l'eau, c'est le paradis des raies. A chaque pas que nous faisons dans 5 cm d'eau, une tache brune et une trace rapide : nous avons fait fuir une raie. Tous les mètres à peu prés nous en délogeons une mais c'est comme les crabes, elles fuient devant nous.
L'oasis
Enfin du vert dans le paysage et lorsque l'on s'approche, le bruissement du vent dans les feuilles. Cette fois ci ce n'est pas la mangrove mais un vrai bosquet d'arbres dans le désert : un oasis.
On y trouve d'ailleurs un peu d'ombre pour le goûter.
Pour une fois que nous voyons des plantes, nous allons essayer de vous les décrire, à nos amis botanistes de donner les bons noms (Jean-Yves, Xavier ?).
Sur les dunes poussent deux sortes de plantes, une rampante avec des feuilles petites et fines mais non piquantes et des buissons de fleurs violettes et feuilles oblongues.
On trouve aussi des arbres, des palmiers aux feuilles découpées et aux fruits durs et des acacias avec des épines et de toutes petites feuilles découpées. Les acacias débordent de l'oasis pour aller coloniser le désert de pierres. Les feuilles de palmier servent à construire les abris des pêcheurs et aussi à faire des liens.
Au milieu, on trouve aussi un genet et un arbuste aux feuilles vert tendre, sans tronc véritable.
Cet oasis doit régulièrement être visité par les bédouins car on y trouve par terre de nombreuses crottes de chameaux mais ce n'est pas aujourd'hui que nous les rencontrerons.
