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Les mots des enfants
Mada-environnement

On vous a déjà raconté notre navigation à Madagascar dans le carnet de bord mais Madagascar c’est tellement de surprises et d’étonnement, la nature, les hommes, la société que nous ne pouvons pas rester muet. Vous voilà partis avec nous à la découverte du milieu à Madagascar, impressions, rencontres, ce qui ne saurait être bien sur une vision exhaustive de l’état de l’environnement sur cette île.

lemurien    lemurien

Madagascar : une île à la nature étonnante mais une nature en péril

Et si on vous disait que 100% des mammifères terrestres de Madagascar sont endémiques, c’est à dire que vous ne les verrez nulle part ailleurs (sauf dans les zoos ou chez des particuliers de façon plus ou moins légale). Comme les lémuriens, cousins des singes qui n’existent que sur Madagascar (et quelques espèces aux Comores). Ici, ils sont protégés et « fads », c’est à dire sacrés, personne ne doit les toucher et pourtant pour 75000 Fmalgaches (11 euros) on peut en acheter un à Majenga.

Et la flore : sur la côte nord-ouest et ouest, où nous sommes, 80% des plantes sont endémiques dans la forêt caducifoliée (forêt tropicale sèche avec des arbres à feuilles caduques).
Par exemple, les baobabs avec leur tronc énorme, adaptés à la sécheresse et bien il en existe 7 espèces à Madagascar dont 6 endémiques contre 1 seule espèce sur tout le continent africain. Pour une des espèces il n’y a que 4 individus répertoriés. Comme c’est l’hiver ici on ne les aura vu sans leurs feuilles mais de tout près.

baobab    Eole

baobab    baobab    baobab
Qui sont ces drôles de lémuriens dans le baobab ?

Mais la forêt est en péril, la déforestation à Madagascar tourne à un vrai désastre écologique et humain. Madagascar, autrefois île verte est devenue aujourd’hui au 2/3 semi-désertique. Non seulement les plantes et les animaux disparaissent et de nombreuses espèces sont menacées d’extinction mais la disparition des forêts entraîne une fragilisation du sol, inondations et érosion du sol, sécheresse marquée en saison sèche par l’absence de couvert végétal. On trouve alors sur des centaines de kilomètres un paysage désolé comme au sortir de Majenga.

   

Cette déforestation est une pratique ancestrale, les paysans défrichent et brûlent une parcelle de forêt pour la culture et l’élevage, puis continuent la culture sur brûlis sur la savane et enfin délaissent la parcelle lorsque le sol s’appauvrit. Aujourd’hui, les feux de brousse sont interdits mais Madagascar est grande et les pratiques tenaces. Il y a toujours une fumée à l’horizon et comme dit le dicton, « pas de fumée sans feu ».

Concours de dessin « Mon avenir en 2010 » Alliance française de Majenga

De nombreuse actions de sensibilisation auprès des populations rurales et des enfants sont menées pour protéger la forêt (interventions, livres, images…). Mais la diffusion est encore restreinte.


Extrait d’un livre pour enfants pour l’éducation à l’environnement

poster : traduction

 

   

La déforestation c’est aussi l’utilisation du bois comme matériau et comme bois de chauffage et à charbon. Ici, tout le monde cuisine au charbon dehors sur un « fatapera » (brasero). Une bonbonne de gaz est trop chère pour la plupart des malgaches et l’énergie solaire est encore au stade expérimental et coûte aussi trop cher en investissement. D’autres sources d’énergie comme le biogaz sont aussi des exemples prônés par des ONG mais non répandues.

Pour protéger la forêt et la biodiversité de Madagascar, de nombreux parcs existent et lors de notre visite à Ankarafantsika, le contraste était saisissant entre les terres brûlées et les forêts du parc, forêt sèche et forêt de bord de rivière avec ses habitants aussi étonnants que les caméléons, les tortues terrestres et même les crocodiles.
Autant vous dire que l’on ne s’est pas approché des crocodiles, et qu’il est bien précisé de ne pas se baigner dans les eaux du lac du parc. Toutefois on a vu de nombreux pêcheurs, dans l’eau jusqu’à mi-cuisse un peu plus loin.

cameleon        crocodiles

   

Par contre on a bien regardé leurs cousines les tortues, surtout que dans ce parc sont en élevage les tortues terrestres angonoka (Geochelone yniphota), très menacées, vivant un peu plus au sud dans les forêts de bambous de Soalala. 200 tortues sont nées depuis dans le parc. Et aussi les tortues d’eau douce, les rere, Erymnochelis madagascariensis , menacées par la consommation humaine.

Film tortue

Madagascar, une société de non consommation

Ici, ce qui est flagrant, c’est le peu de déchets, pas comme à Mayotte et pas comme en Europe. Tout est récupéré, peu est consommé. Les bouteilles de coca en verre sont officiellement consignées, les autre bouteilles, plastique ou verre valent 1000 FMG au marché. Et chaque fois que nous nous arrêtons dans un village, les gens nous demandaient des bocaux, des boites. Même les boites de conserve usagées servent de mesure ici pour vendre, un « capo »c de cacahuètes, deux « capocs » de lentilles… Plutôt que photographier les déchets dans la nature on s’extasie devant les trésors d’ingéniosité de récupération. Ici pas de magasin de jouets (pauvres enfants, enfants pauvres ?) mais leur camions et leurs bateaux sont bien plus beaux que les nôtres en plastique bruyants à piles et leur imagination toujours en action.

   

Et pour l’énergie, celle du vent est très sollicitée, transport, pêche. Tous les bateaux ou presque naviguent à la voile, aucun n’a de moteur. Ce sont les pirogues, partant au jusant le matin et revenant le soir avec le flot, leur voile triangulaire gonflée par la brise.

Ce sont les boutres transportant des vivres, du charbon, du raphia ou même des passagers, leurs voiles déployées, seul moyen de communication de bien des villages vu l’absence ou le mauvais état des routes.

       
Retour de pirogues au village des pêcheurs de Majenga |transport de raphia | Un boutre neuf, mis à l’eau en baie de Morambe

       
Quid de la pollution et des énergies ? La force des bras, la force de l’animal (zébus)

Dans les rues de Majenga de l’animation, certes mais du bruit, pas tant que cela. Les canalisations creusées sur le bord des routes pour évacuer les eaux de pluies, eaux usées, sont faites à la main. L’eau courante, un rêve pour beaucoup de malgaches et chacun porte ses deux seaux vides jusqu’au point d’eau puis pleins jusqu’à sa case."L’accès à l’eau, une priorité pour la décennie à venir », dit le Monde. Au fait ça ne vous fait pas penser à la ménagère bretonne sortant du supermarché avec ses deux packs de 6 bouteilles d’eau dans chaque main ?

Et quand on a pas les moyens d’avoir une voiture ou de se payer un taxi 5000FMG (5F) la course, on prend un pousse. Les enfants, les nôtres mais aussi les malgaches, apprécient. Nous on marche à côté, les bras chargés de fruits et légumes (les malgaches eux libèrent leurs mains et portent sur la tête).

Au fait, en parlant de priorité pour la décennie à venir, on vous livre deux dessins d’enfants :

   

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