Info-bras : Vous allez dans l'océan indien, mais comment, par où et quand ?

De nos jours plus besoin de se poser la question : Brest - Paris - Saint Denis de la Réunion : 10h de vol par avion. Seule la grève du personnel navigant peut perturber nos projets de voyage et un simple appel téléphonique à la compagnie d'aviation nous donne nos horaires de départ et d'arrivée.
Mais cela n'a pas toujours été comme ainsi.

Au XVIIe siècle pour aller à la Réunion, alors appelée île Bourbon, les navires partant de Brest pour faire du devaient alors mettre les voiles cap au Sud et virer le Cap de Bonne Espérance appelé aussi Cap de tempêtes, à la pointe Sud de l'Afrique pour passer de l'Atlantique dans l'Océan Indien soit un total 8600 miles nautiques sans compter les caprices des vents et des courants qui parfois font doubler le chemin

A partir de 1869, le percement du canal de Suez sous Napoléon III par Ferdinand de Lesseps permit de relier directement la Méditerranée à la Mer Rouge. Cette nouvelle voie maritime réduit alors la distance entre Brest et l'île de la Réunion (6780 miles nautiques).

De nos jours, en voilier, la route la plus courte est donc celle qui passe par le canal de Suez, en dehors des situations de conflits internationaux comme celui 1967 - 1975 qui a vu la fermeture du canal. C'est de plus, si on choisit les bonnes périodes météorologiques, la plus adaptée pour les vents et les courants. Voici pourquoi :

Au départ de Brest et pour traverser le Golfe de Gascogne, mieux vaut éviter les dépressions océaniques qui traversent lAtlantique nord en hiver et apportent des vents de SW puis W - NW assez forts.
La saison la plus propice pour naviguer et descendre vers le Sud est donc lété (quoiquon puisse penser de lété en Bretagne), lorsque lanticyclone des Açores est proche de la Bretagne et nous apporte de bons vents de NE pour descendre vers le sud.

Arrivé sur la côte du Portugal en été, les vents soufflent NE de façon régulière, ce sont les alizés portugais, vents qui portent alors les voiles vers Gibraltar et lentrée de la Méditerranée.

Comme en Bretagne mais dans une moindre mesure, les dépressions atlantiques balaient la Méditerranée douest en est en hiver surtout dans la partie occidentale. Il est donc plus prudent de naviguer en été. Il est donc prévu que Blodeuwedd avance encore un peu en Méditerranée avant la reprise des classes.

Vents moyens en juillet

Puis, pour attendre notre retour de Bretagne où nous serons retournés, Blodeuwedd fera une escale de quelques mois avant de repartir en décembre pour le canal de Suez.

Pourquoi attendre, tout dabord pour des raisons pratiques mais aussi pour naviguer en Mer rouge en hiver, sachant que cette région maritime est une des plus chaude du monde (on ne sétonnera pas de trouver 40°C au lever du soleil).

En Mer rouge, la situation est favorable à la navigation quelle que soit la saison dans la partie nord où les vents soufflent Nord. Par contre, dans le Sud de la Mer rouge, le vent est contraire en hiver et il nous faudra sattendre à tirer des bords jusquà Djibouti.

Le Golfe dAden et lOcéan Indien nord sont soumis au régime de la mousson, mousson de NE en hiver et mousson de SW en été. Ces vents bien établis sont connus depuis longtemps et les marchands navigateurs africains les utilisaient pour le commerce ente lAfrique, lArabie et lInde il y a 4000 ans.

En hiver, cette mousson nous apportera un temps clair, des vents établis de force moyenne , hélas contraires pour sortir du Golfe dAden puis portants ensuite pour rejoindre les Seychelles.
Par contre, un passage en été nous aurait obligé de naviguer avec la mousson de SW très violente dans le Golfe dAden et à la pointe Est de lAfrique surnommée aussi le Cap Horn de lAfrique.


Vents moyens en janvier

En arrivant dans lhémisphère Sud, les saisons sinversent et cest lhiver austral, soit juillet août, qui est la période la plus clémente pour naviguer portés ou pas par la brise des alizés du SE.

Par contre lété austral (décembre à mars) est la saison des cyclones. Ceux ci sont relativement fréquents dans la région de la Réunion, Madagascar.

Blodeuwedd attendra donc sagement aux Seychelles, îles situées près de léquateur et ainsi à labri des cyclones ; que la saison critique se termine pour rallier lîle de la Réunion.

Le mois davril est le plus indiqué car les alizés de SE qui sont contraires sur cette navigation ne sont pas encore bien établis.

De mai à septembre Blodeuwedd naviguera ensuite autour de Madagascar et des Comores. La saison des cyclones revenant avec lété austral, il lui faudra soit trouver un abri sur, soit remonter vers les Seychelles ou descendre vers l'Afrique du Sud.

La question du retour :

Pour le retour de Blodeuwedd en Bretagne, plusieurs possibilités soffrent à nous :

- Envisager une nouvelle année de navigation afin de passer le cap de Bonne Espérance pendant lété austral.
En effet, ce cap appelé aussi cap des tempêtes est sous linfluence des dépressions douest venant les latitudes australes et amenant des vents forts douest. Ceux-ci sopposent au courant des aiguilles orienté dest en ouest, ce qui crée des conditions mauvaises de mer (vent contre courant, bien connu en Bretagne dans les zones difficiles comme le raz de Sein). La meilleure saison est donc lété austral (janvier février) pour naviguer en Afrique du Sud.

Une fois passé le Cap et arrivés dans locéan Atlantique, la route retour passera par les îles perdues de lAtlantique sud, Ascension et Saint Hélène, puis après avoir traversé léquateur, celles de lAtlantique nord, Cap vert, Canaries, Madère.
Pour une telle navigation il faut bien compter 4 à 6 mois. Lexposition et le suivi des tortues pourraient alors continuer à chacune de ces escales.
Le retour à Brest serait alors prévu pour lété 2003.

- Une autre solution est de laisser Blodeuwedd dans locéan indien pour revenir à nos occupations bretonnes et le ramener par tranches de navigations ou par convoyage ou bien encore par cargo.

La suite est donc à inventer encore